La terre que vous utilisez à l’atelier (pour la décoration, les stages enfants et les cours de tournage) est de la faïence, le plus souvent blanche, parfois rouge. Je trouve intéressant de vous proposer cette terre car historiquement c’est ce que les potiers utilisaient dans la région. La terre était extraite des puits d’argile de la Valmasque jusqu’au milieu du XXe siècle pour réaliser les poteries en faïence rouge, produites en grandes quantités à Vallauris. Ce que j’aime également dans la faïence, c’est qu’elle cuit en “basse température” ce qui permet d’éviter les déformations de la pièce et d’avoir des émaux de couleurs très vives qui ne varient pas à la cuisson.
LA “BASSE TEMPERATURE “- La faïence va devoir passer à travers deux cuissons : la première qui permet de produire le “biscuit” est la plus haute, à 1020°C. Une fois cette cuisson réalisée la pièce est solide, mais elle n’est pas étanche car la faïence est une terre poreuse du fait de sa cuisson à température insuffisante pour la vitrifier. C’est parfait pour des pots de fleurs qui permettront ainsi à l’humidité en excès de s’évacuer, mais c’est beaucoup moins pratique pour une tasse ! Il faut donc l’émailler, c’est à dire la recouvrir d’une préparation qui elle va fondre à plus basse température et va imperméabiliser la surface de la pièce. Pour en savoir plus sur l’émail vous pouvez consulter l’article à ce sujet.
Une fois décorée avec l’émail donc, la pièce subit une deuxième cuisson à 980°C, elle en sortira émaillée et prête à être utilisée. C’est très important de bien connaître son four et ses particularités. Dans le mien par exemple, je sais qu’il existe un gradient de température entre le haut et le bas par rapport à la température unique programmée, ce qui me permet de cuire en simultané des pièces en biscuit et des pièces à émailler, en les répartissant correctement dans la hauteur du four ! Cela permet de gagner du temps pour vous rendre plus rapidement les pièces que vous avez décoré 🙂
LA “HAUTE TEMPERATURE” – Je fabrique également des pièces en grès et en porcelaine, terres cuites en “haute température” que je mets également à disposition pour les stages de modelage adultes. Ces terres peuvent être cuites à plus haute température et atteindre leur stade de vitrification ce qui les rend imperméables, sans avoir besoin d’un émail. Cependant on peut souhaiter les émailler pour l’aspect esthétique. Pour cela il faut les cuire une première fois à une température inférieure à laquelle elles resteront poreuses et absorberont suffisamment l’émail lors de son application. Je les cuis donc la première fois entre 980 et 1000°C, je les émaille, puis les recuits à la température finale, autour de 1250°C-1300°C suivant les terres et les émaux.
Si l’on se trompe et que l’on cuit une faïence en haute température, la terre va complètement fondre puis se solidifier à nouveau en “flaque” au fond du four, endommageant gravement celui-ci. C’est pourquoi, par précaution afin d’éviter toute erreur, je ne cuis pas de pièce que l’on m’apporte extérieures à l’atelier. Cependant nous avons la chance d’avoir deux fournisseurs de matériel de céramique à Antibes et Vallauris, ils trouveront des solutions de cuisson avec vous si vous n’avez pas de four : Céradel et Solargil.
LE “TROISIEME FEU” – Pour les bijoux en porcelaine, j’ajoute parfois une touche d’or ou de lustre argenté. Pour un résultat brillant ces matières s’appliquent sur émail et ne doivent pas être absorbées par celui-ci durant la cuisson. Il faut donc réaliser une troisième cuisson à une température inférieure à celle de fusion de l’émail. Pour ma part je le cuis à 780°C. Ainsi, lorsque vous voyez des pièces décorées à l’or fin, songez que celles-ci utilisent non seulement des matières précieuses, mais qu’elles ont également nécessité trois longues cuissons et du travail de modelage, d’émaillage et de décoration…Puis de montage pour les bijoux. Ce sont de vrais trésors à considérer comme tel !
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